Après la naissance d’un enfant, de nombreuses questions surgissent concernant l’allaitement. Si nourrir son bébé au sein est une pratique courante et bénéfique, certains se demandent s’il est possible et sans danger d’allaiter son partenaire. Cette interrogation, bien que surprenante pour certains, n’est pas totalement infondée et mérite une attention particulière.
Les propriétés nutritives du lait maternel sont bien connues. D’un point de vue médical et psychologique, qu’en est-il des implications de partager cette ressource avec un adulte ? Cette pratique, bien que rare, suscite curiosité et débats parmi les professionnels de santé et les couples concernés.
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Plan de l'article
Les raisons pour lesquelles certaines femmes choisissent d’allaiter leur mari après l’accouchement
L’allaitement maternel, bien qu’essentiellement destiné à nourrir le nouveau-né, peut parfois s’étendre au partenaire. Plusieurs raisons sous-tendent cette pratique atypique.
Michel Odent, pionnier en obstétrique, a étudié les effets de l’ocytocine, une hormone libérée lors de l’allaitement. Cette hormone, souvent qualifiée d’hormone de l’amour, renforce les liens affectifs et génère une sensation de bien-être. Certaines femmes peuvent choisir d’allaiter leur mari pour partager cette intimité et renforcer le lien conjugal.
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Une étude menée par Spencer et al à l’Université de Chicago a mis en évidence la découverte d’une phéromone qui augmente le désir sexuel chez les femmes allaitantes. Cette découverte pourrait expliquer pourquoi certaines femmes trouvent du plaisir et du réconfort à allaiter leur partenaire. La libération de cette phéromone peut améliorer la qualité des rapports sexuels post-partum, contribuant ainsi à une meilleure harmonie au sein du couple.
- Renforcement du lien conjugal : l’ocytocine joue un rôle clé.
- Amélioration des rapports sexuels : la phéromone découverte par Spencer et al.
Au-delà des aspects hormonaux, l’allaitement du mari peut aussi répondre à un besoin émotionnel. Dans certains cas, le partage de cette expérience peut atténuer les symptômes de la dépression post-partum en offrant à la mère un soutien émotionnel accru et une proximité physique avec son partenaire.
Les aspects médicaux et les précautions à prendre
Allaiter son mari après l’accouchement suscite des interrogations légitimes sur les aspects médicaux et les précautions à prendre. Le Dr Ross Escott, qui a participé à la 7e Journée Internationale de l’Allaitement (JIA) le 14 mars 2008, met en garde contre certains risques potentiels. La mastite, une inflammation du sein, peut survenir si les techniques d’allaitement ne sont pas correctement suivies.
- Hygiène : Assurez-vous que le partenaire a une hygiène buccale irréprochable pour éviter les infections bactériennes.
- Fréquence : La fréquence de l’allaitement doit être modérée pour ne pas interférer avec l’allaitement du bébé.
Le lait maternel est produit en fonction de la demande. Si la demande augmente, la production suit. Vous devez veiller à ce que le bébé ne soit pas privé de cet apport nutritif. Une étude publiée dans Allaiter aujourd’hui n° 77 par la La Leche League France (LLL France) souligne la nécessité de consulter un professionnel de santé pour évaluer la compatibilité de cette pratique avec les besoins de l’enfant.
La consultation d’un médecin ou d’une sage-femme permet d’évaluer les risques spécifiques à chaque couple. La Ligue La Leche, sur son site allaitement.ca/allaitement/lallaitement-de-jumeaux, fournit des ressources pour aider les femmes à naviguer ces questions. Le soutien d’associations spécialisées, comme « Mamans Pieuvres » (mamanspieuvres.com/allaitement) et « Préma-Québec » (contact : 450 651-4909), peut aussi être précieux.
Bien que l’allaitement du mari après l’accouchement soit possible et offre certains avantages, il est impératif d’observer des précautions pour garantir la santé de la mère et de l’enfant.
Les implications psychologiques et relationnelles
Le choix d’allaiter son mari après l’accouchement n’est pas dénué d’implications psychologiques et relationnelles. La philosophe Iris Marion Young a examiné les dimensions corporelles et symboliques de l’allaitement, mettant en lumière la complexité des relations intimes et familiales. Elle souligne que l’allaitement, au-delà de son aspect nutritif, revêt une symbolique puissante de soin et d’attachement.
Dans une perspective historique, Saint Bernard de Clairvaux a reçu du lait de Marie, illustrant ainsi une longue tradition de symbolisme autour de l’allaitement. Cette pratique peut renforcer le lien conjugal en créant une intimité accrue. Elle peut aussi susciter des tensions, notamment en raison des perceptions sociales et des attentes culturelles.
F. Dolto, en théorisant la ‘castration ombilicale’, a exploré les enjeux psychiques liés à la séparation et à l’attachement. Pour certaines femmes, allaiter leur conjoint peut être une manière de prolonger cette intimité post-partum, tout en répondant à des besoins affectifs et hormonaux. Le rôle de l’ocytocine dans cette dynamique est notoire : cette hormone, étudiée par Michel Odent, joue un rôle fondamental dans le lien mère-enfant et pourrait aussi influencer les relations conjugales.
Des études récentes, comme celles menées par Spencer et al à l’Université de Chicago, ont découvert des phéromones qui augmentent le désir sexuel chez les femmes allaitantes. Ces découvertes ouvrent des perspectives nouvelles sur la compréhension des interactions entre lactation et sexualité.
Les professionnels de santé, les psychologues et les conseillers conjugaux doivent être consultés pour naviguer ces questions délicates. Le dialogue au sein du couple est essentiel pour équilibrer les besoins de chacun sans compromettre la santé et le bien-être de la mère et de l’enfant.
Les témoignages et expériences de couples
Les témoignages de couples ayant choisi d’allaiter le mari après l’accouchement sont variés. Hilary Flower, auteure et spécialiste de l’allaitement, a publié plusieurs articles sur le sujet dans Breastfeeding Today. Elle met en avant les différentes motivations des couples, souvent liées à la recherche d’intimité et de réconfort.
Marie-Florence, Katell, Diane Prenveille et Laure Feuillebois, toutes animatrices à LLLF (La Leche League France), constatent une certaine discrétion autour de ce sujet. Elles notent que, bien que peu de couples en parlent ouvertement, ceux qui le font rapportent des expériences globalement positives.
Amélie, mère de Lael, Léna et Gaëtan, partage son expérience : « L’allaitement de mon mari a renforcé notre lien. Cela nous a permis de traverser ensemble le post-partum de manière plus sereine. » D’autres mères, comme Mme A., Mme B. et Mme C., membres d’associations de soutien à l’allaitement, évoquent aussi des bénéfices similaires.
Les photographies prises par Julie Deschamps et Glenda Sandy illustrent ces moments d’intimité partagée. Ces images, souvent empreintes de tendresse, montrent une facette méconnue de l’allaitement.
D’après les animatrices de la LLLF, la clé réside dans le dialogue au sein du couple et le respect des limites de chacun. La pratique, bien que marginale, trouve sa place dans un cadre de confiance mutuelle et de bien-être partagé.
